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08/07  > 02/09/2012
candes-saint-martin + bourgueil

Des Temps donnés est une exposition imaginée comme un parcours dans le village de Candes Saint-Martin et les caves de l'abbaye de Bourgueil - Indre-et-Loire. Les sept artistes qu'elle associe ont été sollicités avec le souci de refléter la diversité des pratiques (dessin, volume, installation, images, son, etc.) et pour leur capacité à se saisir de lieux singuliers, marqués par la durée et des usages divers. L'idée d'y créer des œuvres spécifiques s'est imposée avec évidence. Les artistes ont nourri leur réflexion du paysage, des réalités du territoire, des ruptures/continuités entre passé et présent. Des temps donnés est construite sur l'épaisseur de ces étapes : contexte de la proposition, invitation aux artistes, esquisse des projets, production des œuvres et enfin regards des visiteurs.

A l'entrée du village, dans un ancien garage automobile, David Renaud présente Proto-Véhicule. Structure de forme ovoïde, son volume est suggéré par des plaques verticales, comme une modélisation en trois dimensions. Elle emprunte autant à la science-fiction qu'aux inventions d'un Léonard de Vinci. Si elle évoque les toues de Loire, le voyage semble ici une aventure bien étrange...

En contrebas, la cabane du bac traversant autrefois la Vienne invite à porter attention au paysage. Olivier Nottellet y inscrit passe-passe, œuvre offerte aux seuls regards. Par les fenêtres, on découvre un double de la façade, "dessin" dans l'espace qui renvoie notre image et celle du site. L'artiste appelle les esprits du fleuve et nous invite à "passer" de l'autre côté, à changer notre regard.

Rue Basse, Marie-Jeanne Hoffner présente Intérieurs dans une petite maison de tuffeau. Le logis réduit, suggèrant l'espace de la cellule, d'un seul corps, est mis en abîme comme un mystère en partie révélé. Le visiteur ne pénètre pas, il voit une maquette de la maison suspendue, éclairée de l'intérieur. Le redoublement entre réalité et modèle offre un double-jeu où la maison se rêve et se réfléchit.

Dans le jardin de la maison de G. Joy et d'H. Dutilleux, Jason Karaïndros installe Nous ne sommes pas ici. Marqué par la proximité du fleuve avec la centrale de Chinon, il créé un pictogramme pour chacun des 19 sites nucléaires français, avec trois éléments : surface bleue pour l'eau, blanche pour le territoire, point rouge pour l'installation. En balcon sur la confluence, un drapeau différent flotte chaque jour au vent, représentation quasi abstraite de territoires à la réalité complexe.

Michaël Sellam, artiste en résidence à la Box-Ensa de Bourges, propose une partition entre sculpture et son, musique en mouvement, son déployé dans l'espace. Du dernier voyage sur la Loire de Saint-Martin, à un vélo transformé en instrument, en passant par des radiocassette muets ou sonores qui rappellent les revendications d'une époque récente, trois œuvres forment en divers points du parcours une réflexion sur l'histoire et l'oubli.

A l'arrière de la maison Dutilleux, Stéphanie Nava investit deux pièces d'une ancienne habitation. Avec Ciel étoilé monocorde de juillet - ensemble de dessins et d'une sculpture - elle s'attache à l'idée d'une cosmogonie portée par une grande mécanique, notions explorées par Henri Dutilleux dans son écriture musicale.

A l'abbaye de Bourgueil, Cécile Le Talec est invitée par Les heures musicales en prélude à une création avec le compositeur Alexandros Markeas. Passé l'entrée, elle fait le silence avec deux œuvres muettes, la vidéo Graphies et une batterie en verre de la série Les impurs. Dans le cellier, Rhapsodiscs est une installation composée d'une vidéo et de cinq platines disques 33T. Les plages de sons décalées forment une composition où les "voix" se superposent aux images nocturnes de Shanghai.

Le contrat du dessinateur (LCDD), édité par Le Gac Press, garde une trace décalée de ces propositions. Constitué de dessins, le journal est une mémoire au futur antérieur, entre la perspective des projets et la réalité des œuvres. Celle-ci est une invitation aux habitants, voisins, visiteurs de passage sur l'itinéraire estival. A eux de s'octroyer le temps de la découverte, de la déambulation parmi les créations. Bonne visite.

Une proposition de Gunther LUDWIG